« Sélénia, arrête de te cacher, c'est plus drôle. » Cela faisait à peu près une demi-heure qu'Elsa était là, comme une idiote, à chercher sa fille. « Maman, on joue à cache-cache ? » lui avait-elle demandé, quelques minutes avant. Et bien sûr, elle avait accepté, comme à chaque fois. Si vous connaissiez la tête de chien battu que fait Sélénia quand elle était déçue, vous auriez surement accepté aussi. « Sélénia, tu vas être punie ! On ne joue plus là ! » La jeune mère entendit alors un poids lourd tomber à l'étage. En deux deux, elle escalada les escaliers, arrivant rapidement dans le couloir qui menait aux chambres. Elle était là, le cul par terre, comme d'habitude. « Tu m'as pas trouvé maman ! » Elsa prit la petite dans ses bras, contente d'avoir enfin fini cette partie de cache-cache. Bien sûr, elle lui fit la leçon de moral, comme à peu près 50 000 fois par jour. Tu ne dois pas faire peur à maman Sélénia. Tu ne dois pas te cacher et ne pas sortir. Mais enfin, c'était la règle du jeu, non ? Comment voulez-vous que la petite Sélénia comprenne ? Mais enfin bref. Après avoir regardé l'heure qu'il était, elle décida de coucher sa fille pour une sieste, histoire qu'elle se calme un peu ... et qu'elle ne se cache pas une nouvelle fois.

Après quelques comptines, Sélénia avait enfin fermé les yeux. Sa sieste durait, en moyenne, deux heures. Ce qui laissait à Elsa le temps de ... faire le repas ? Décidément, être mère, c'était un vrai boulot. Avant de descendre, elle décida de passer voir son frère, qui se trouvait dans sa chambre. Cela ne faisait que quelques semaines que Sebastian était à Weaver View, mais Elsa avait senti un vrai soulagement quand il était arrivé. Premièrement, parce qu'elle avait toujours était très proche de lui, et que le savoir si loin ne lui plaisait pas. Mais aussi parce qu'avoir une aide à la maison n'était pas de refus. « Toc toc, dit-elle en passant sa tête par la porte entre ouverte. Je peux rentrer ? »

Sebastian était debout, en plein milieu de la pièce, une feuille à la main et ses lunettes fétiches sur le nez. Elsane pû s'empêcher de sourire. Toujours à travailler, à répéter, à jouer. Son frère était certainement le plus grand passionné de théâtre qu'elle n'avait jamais vu au monde. Dès leur arrivée à Weaver View, la plupart des garçons célibataires qui avaient la vingtaine partait à la recherche d'une petite amie, la fille parfaite. Lui non, il avait préféré aller directement s'inscrire dans la compagnie de théâtre locale. Oui, c'était comme ça pour Sebastian, il y avait la famille, le théâtre et le reste après.« Alors, elle t'a encore eu ? » lança-t-il, d'un air amusé. Elle rentra dans la chambre et referma la porte tout doucement. Ce n'était pas le moment de réveiller Sélénia. « Oui, je suis définitivement nulle à ce jeu. » Elle fit un petit sourire avant d'aller s'asseoir sur le lit du jeune brun. Rester debout à chercher Sélénia était, mine de rien, très fatiguant. « Tu me sauves, j'avais besoin de faire une pause. Je ne retiens absolument rien aujourd'hui, mon cerveau a décidé de rester en mode off. Vraiment pas pratique. » Elle fit un nouveau sourire avant de lui piquer la fiche qu'il avait dans les mains, son script. Elle lu quelques lignes. Le théâtre, ce n'était pas pour elle. Sauf quand, bien sûr, il fallait faire ovation à son frère. Là, elle était la première assise dans la salle, à attendre qu'il entre sur scène. « Je ne sais pas comment tu fais, dit-elle sans quitter le script des yeux. Je ne pourrais pas retenir le quart de cette fiche. » Elle lui rendit. Elle avait essayé, lorsqu'elle avait 13 ans, pour la pièce de fin d'année du club d'art dramatique du collège. Elle avait fini souffleuse, étant trop désastreuse pour être actrice. Oui, et même en tant que souffleuse, elle avait réussi à se planter. Elle avait de très mauvais souvenir de cette soirée, mais son frère avait été là pour la consoler, comme toujours. Elle aimait plus que tout son frère. Ils avaient toujours été autant liés, inséparables même, d'après certains. Quand elle avait quitté Boston, la seule chose qui lui avait manqué réellement, c'était Sebastian. Elle sourit, se souvenant quelques souvenirs de jeunesse avec son petit frère. « Eh, je t'ai dit à quel point j'étais heureuse que tu sois ici ? »

Le jeune Sebastian vint s'asseoir près de sa grande soeur, les jambes en tailleur, avant de remonter ses lunettes roses sur son nez. Il fit un petit sourire sournois. « Oh je sais, tu es une véritable catastrophe en théâtre, blagua-t-il, mais tu ne peux pas être douée partout, sinon je me sentirai idiot à côté. » Sa réflexion fit sourire la jeune blonde. Elle posa doucement sa tête sur l'épaule de son frère, réconfortée par la présence du jeune garçon. Dès le départ, elle avait su que cette période de sa vie ne serait pas une des plus faciles: l'éducation de Sélénia, le divorce, ... Mais la présence de son frère la réconfortait vraiment. « T'en fais pas pour ça, tu ne seras jamais un idiot ou quoi que ce soit du style. » Elle lui fit un petit sourire. Il avait beau être plus jeune, Sebastian était un vrai modèle pour Elsa. « Eh, je t'ai dit à quel point j'étais heureuse que tu sois ici ? » Sebastian déposa un baiser sur le front d'Elsa avant te répondre. « Au moins une dizaine de fois, mais je m'en lasse pas. » Oui, c'est vrai qu'elle avait tendance à la répéter un peu trop, sauf qu'elle n'avait jamais été autant heureuse de retrouver quelqu'un. Les quelques années passées sans son frère à ses côtés avaient plutôt dure pour la jeune blonde. Elle avait besoin de son frère à ses côtés, un point c'est tout. Elle rit un peu à sa réponse, il avait le don de la faire rire même quand elle n'avait pas forcément bien. « Tu sais quoi, je trouve que tu t'en sors bien. » La blondinette releva la tête. S'en sortir bien, c'était complètement inapproprié, d'après elle. Elle avait l'impression de tout foirer jusque là. Sélénia la faisait tourné en bourrique et le divorce ... elle ne préférait même pas y penser. « C'est ce que tu appelles "bien s'en sortir", toi ? » rétorqua-t-elle, d'un air plutôt désespéré.